On le voit sur tous les plateaux de télévision, élégant comme un sou neuf, mielleux à souhait ; On le voit sur les écrans de cinéma, dans des hommages dithyrambiques lourds et dénués de toute aspérité, sait-on jamais ; On le voit sur les journaux qu’il rachète (Libération, Nouvel Obs) ou soutient (nul n’a oublié le triste épisode de « Globe », machine de propagande socialiste dirigée par le sinistre G.M. Benamou), Pierre Bergé est devenu une sorte de Georges Soros Français, étant là pour répandre la bonne parole, et surtout sa bonne parole (il est le parrain de SOS Racisme…) : celle du mariage pour tous, celle de la gestation pour autrui, celle de la sociale démocratie chérie par notre président F. Hollande, celle de la cause homosexuelle en général, celle de la mémoire de l’homme de sa vie Yves Saint-Laurent… Plus graves sont ses déclarations qui, remises dans d’autres porte-voix, auraient sans doute suscités scandales et polémiques… P. Bergé a tout de même été condamné à 1 500 euros d’amende pour avoir accusé l’association française contre les myopathies (AFM) de « détourner la générosité publique ». Rappelons, une autre de ses fulgurances déblatérées en plein débat sur le mariage pour tous : « Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l’usine quelle différence ? », une déclaration qui, au fond, traduisait la pensée de cet homme si distingué. En effet, pour lui, et ses pairs, il ne peut y avoir d’autre morale que celle du marché. Le marché dicte tout, justifie tout et prime sur tout. C’est autour de cette vision exclusivement libérale et capitaliste que devrait ensuite s’organiser toute autre forme d’organisation collective. Cet homme, auquel tout le monde, comme dit le Tout-Paris, fait allégeance, s’appuie donc sur le marché pour justifier ces thèses morales ultralibérales. Pourquoi pas, me direz-vous…

Mais, là ou le bas blesse et comme souvent avec les gens de son espèce, ceux qui ne jurent que par la sainteté du marché, dans le sens où le marché à l’instar de Dieu serait à la base de toute création, c’est qu’il a été le premier, et certainement pas le dernier, à manipuler ce dit marché, autrement à tricher. Car, toute la légitimité de Pierre Bergé provient de son extrême réussite financière, entrepreneuriale et au final, financière. C’est bien l’argent qui lui procure ce pouvoir sur ses vassaux. Tel un BHL de l’entreprise et non de la philosophie du néant, P. Bergé a essaimé ses réseaux, ses relais, ses amis pour, ensuite, asseoir ses fameuses idées. C’est à travers l’aventure d’Yves Saint-Laurent qu’il a pu jouir, dans tous les sens du terme, de cette aura indiscutable de grande figure intellectuelle de la gauche. Or, l’immense richesse de P. Bergé s’est faite avec le rachat d’Yves Saint-Laurent par Elf Aquitaine, en 1993 précisément. Elf Aquitaine est alors une entreprise nationalisée présidée par un certain Loïc Le Floch Prigent (tiens, tiens, comme on le retrouve celui-là) qui répond directement aux ordres de son altesse François Mitterrand. C’est bien sur ordre de Tonton qu’Elf Aquitaine, qui exploite alors du pétrole (on voit parfaitement bien le lien stratégique dans cette acquisition !) rachète en 1993, pour 3,6 milliards de francs soit 30 fois plus que les bénéfices réalisés en 1992 par Yves Saint-Laurent. Pour P. Bergé, c’est le jackpot puisqu’il aurait touché directement près de 2,5 milliards de francs dans la transaction, tout en négociant une rémunération supplémentaire de 300 millions de francs pour l’abandon du statut de commandite par actions et son maintien à la tête de la maison de couture jusqu’au 31 décembre 2000… Rappelons, à ce stade, que ce sont les contribuables Français (vous et moi) qui régaleront au final l’addition… Merci Tonton !

C’est clair, il est quand même plus facile de louer du matin au soir la Sainte légitimité du marché lorsqu’on peut ainsi, grossièrement, en détourner les règles. Le seul hic dans cette histoire c’est que son immense pouvoir, issu de cette incroyable surface financière, c’est à nous autres (contribuables) qu’il la doit. C’est clair que la quenelle, le Pierre, il nous l’a bien mise !!!

PS 1 : Je conseille aux lecteurs d’éclairer leur lanterne au sujet d’une BD éditée par Yves Saint-Laurent soutenu à l’époque (1967) par P. Bergé s’intitulant « La vilaine Lulu », comme on dit, vous m’en direz des nouvelles

PS 2 : Dans une vidéo postée par le site du Figaro (www. http://video.lefigaro.fr), son altesse Roger Cukierman, président des institutions juives de France, grand inquisiteur de Dieudonné avec son collègue Alain Jakubowicz de la Licra, précise, à propos du geste de la quenelle effectuée par Nicolas Anelka, que lorsqu’il n’est pas effectué dans un cadre ou un lieu faisant explicitement référence à la Shoa ou une spécificité juive, ce geste de la quenelle n’était au fond qu’un geste « antisystème » et que finalement la sanction encourue par le joueur originaire de Trappes était « trop sévère » C’est exactement, mot pour mot ou presque, ce que nous entendions préciser dans une précédente « réaction ». Il est simplement dommage que, d’une part, cette précision intervienne si tard et qu’il nous ait fallu attendre cette validation du président du Crif pour en certifier la signification…