Huit ans après son enlèvement, Nicholas Brody, un soldat américain envoyé en Irak réapparaît alors que tout le monde le pensait mort. Accueilli triomphalement chez lui, il doit réapprendre à vivre selon de nouvelles règles mais sous la surveillance d’un agent de la CIA persuadé qu’il est devenu un agent terroriste préparant un prochain attentat sur le sol américain. « Homeland », diffusée sur Canal +, est la série du moment, elle a notamment raflé toute une série de Golden Globes aux Etats-Unis… En fait, « Homeland » est l’adaptation d’une série israélienne intitulée « Hatufim », qui racontait les difficultés de réinsertion de deux soldats israéliens enlevés en mission au Liban. Inconsciemment, ou consciemment (selon…), « Homeland » (ré)insinue l’idée de la cinquième colonne. Ce mythe véhicule l’idée de l’existence d’un ennemi caché en son sein, une sorte d’espion dormant pouvant être activité à tous moments. On a notamment souvent reproché à l’Etat d’Israël de pouvoir compter sur des Sayanims, sorte d’agents dormants issus de la diaspora pouvant agir à tout moment sur ordre du Mossad.

En clair, selon certains médias, nos cités regorgeraient de soldats salafistes français, convertis ou non d’ailleurs, susceptibles de perpétrer des attentats contre les intérêts de la République pour le compte d’Al Qaïda. Pour preuve, « le groupe terroriste le plus dangereux depuis 1996 », selon les dires du Procureur de la République en charge de l’affaire, arrêté début octobre dans la banlieue de Strasbourg, dirigé par un certain Jérémie Louis-Sidney. Si on peut plaisanter un instant, on avouera que Jérémie Louis-Sidney pour un terroriste, ça pète moins que Ben Laden, non ? Donc ce groupe terroriste le plus dangereux depuis 1996 (depuis la fameuse affaire Kelkal, un islamiste égaré soit dit en passant…), est soupçonné d’avoir perpétré l’attaque d’une épicerie de Sarcelles visée par un tir de grenade de type M75. Tout de suite, comme ça, une grenade de type M75, ça fout les jetons ! Il faut savoir que cette épicerie a été la cible d’une grenade à plâtre qui a fracassé la porte vitrée du magasin. La police avait alors jugé cette grenade à faible puissance non inflammable et non explosive. Des empreintes retrouvées sur les lieux de l’épicerie casher auraient permis de remonter jusqu’à Jérémie Louis-Sidney, un obscur (sans aucun jeu de mots) antillais converti à l’Islam et passé par la case Rap. De nombreuses vidéos accessibles sur le net le montrent par ailleurs en piètre chanteur… Ainsi, cette cellule salafiste inquiétante, « la plus dangereuse depuis 1996 »,  aurait attaqué une épicerie casher à coups de grenade à plâtre en prenant bien soin de laisser de belles empreintes en guise de signature. La police aurait ensuite retrouvé chez Jérémy B., un autre converti et complice arrêté, de quoi concocter un engin explosif : une couscoussière, des ampoules de phares et du nitrate de potassium, autrement dit du salpêtre. Si nous faisions preuve d’humour, on pourrait préciser qu’il n’est pas si anodin de retrouver une couscoussière chez un islamiste… Sans l’intervention de la police, cette cellule salafiste, « la plus dangereuse depuis 1996 » aurait certainement préparé un autre attentat beaucoup plus marquant, le rayon électro-ménager d’une grande surface de banlieue… Jérémie Louis-Sidney aurait préféré mourir les armes à la main…

Attention, loin de nous l’idée de faire preuve d’un quelconque angélisme à l ‘encontre de nos quartiers et de leurs habitants, fussent-ils musulmans ou non. Simplement, depuis l’affaire des Irlandais de Vincennes (les plus jeunes pourront surfer sur le net et se remémorer cette belle arnaque au terrorisme), la prudence nous conseille de prendre les informations officielles avec quelques précautions d’usage. Il n’est pas dans notre intention non plus d’ignorer le risque de transgression d’une certaine délinquance dans l’action terroriste. Mais, l’assassinat, l’énième, récent à Ajaccio d’un avocat agissant dans la mouvance nationaliste corse nous rappelle que dans d’autres zones géographiques, délinquance et revendications politiques s’entremêlent aussi dans un rare déchaînement de violence, sans que jamais, toutefois, l’intégrité de la République ne soit remise en question ni que le Ministre de l’intérieur monte sur ses grands chevaux. Cela ferait partie du folklore insulaire. A la différence près que nous ne considérons pas tous les corses comme des terroristes ou des délinquants potentiels. Il faudrait donc que nos médias nationaux prennent les mêmes précautions et ne mélangent pas tout. A chaque faits divers sanglants, nous ne pouvons forcer tous les musulmans français (ou non) à se positionner ou se manifester contre cette infime minorité qui nous pourrit l’existence. « Homeland » et « Hatufim » se déroule dans des sociétés américaines et israéliennes, gangrénée par la paranoïa, l’inégalité et le racisme ambiant. Voulons-nous une République Française parfumée à cette sauce ?