Quelqu’un, un sage certainement, a dit que pour vivre heureux il fallait vivre caché. Loin des autres. Car, on le sait, l’enfer, c’est les autres. Alors, peut-être est-ce la faute d’internet, qui offre à chacun de nous une possibilité d’expression audible et médiatisée à défaut d’être sensée, mais j’ai comme l’impression que les mots, les phrases n’ont plus tout à fait le même sens aujourd’hui. En effet, j’ai comme l’impression que la parole s’est libérée, comme expulsée d’un orifice anal. Alors, forcément, ça ne sent pas très bon tous les jours. On a déjà eu l’occasion d’évoquer, ici ou là, le débat qui touche au mariage pour tous. Le débat ne portant pas tant sur le mariage (tout le monde semble être d’accord sur la question) que sur ses conséquences, l’adoption par les couples homos et/ou lesbiens et la gestion pour autrui. Et, une fois n’est pas coutume, je revendique l’absence d’opinion à ce sujet. Je ne suis ni pour, ni contre, j’en sais foutre rien ! Que deux hommes ou deux femmes se marient et obtiennent les mêmes droits qu’un couple hétéro, cela me semble a priori logique. La question liée à l’adoption ou à la procréation assistée me paraît plus complexe. À tous les points de vue. Mais il est tout aussi vrai que le président Hollande n’a dupé personne puisque la question du mariage pour tous figurait bien dans son programme électoral. Ce qui n’est pas vrai pour l’adoption ou la procréation assistée, des notions passées sous silence.

Je comprends les couples homos et lesbiens qui aspirent à la paternité ou à la maternité, un désir que je comprends être totalement déconnecté de la pratique ou de l’attirance sexuelle de chacun. Mon doute, si doute il y a, vient de la position de l’enfant qui, lui, ne choisira pas de naître ou d’être adopté par un couple homo ou lesbien. De la même façon, un enfant ne choisit pas d’être né, adopté ou élevé dans une famille hétéro rongée par la violence, l’ignorance ou l’alcool. Ce qui est parfois le cas. Je comprends tout à fait également qu’il soit avant tout question d’amour autour de l’enfant. Et que cet amour provenant de deux parents homos et lesbiens peut être tout aussi légitime. C’est évident. La seule interrogation que j’ai concerne trois points précis pour lesquels, à ce jour, je n’ai pas de réponse : premièrement, l’enfant va grandir dans un environnement très cruel : quel sera son comportement lorsqu’à l’école ou au collège, ses copains se moqueront, quotidiennement ou presque, de ses deux papas homos ou ses deux mamans lesbiennes ? Il est tout aussi clair que les choses évolueront à mesure que ce phénomène se normalisera, comme ce fut le cas des enfants de parents divorcés… Deuxièmement, comment l’enfant va-t-il psychologiquement se construire avec deux papas ou deux mamans ? Aujourd’hui, il n’existe pratiquement aucune étude sérieuse à ce sujet, ou les rares études existantes à ce jour sont totalement partisanes (pour ou contre d’ailleurs). Personne, aujourd’hui, n’a de recul suffisant. Et ce qui se passe en Californie, où l’argent prime sur les comportements, n’est pas forcément transposable dans notre vieille Europe… Troisièmement, que dira-t-on à l’enfant lorsque celui-ci aura soif d’information sur ses origines… ? Aura-t-il le droit de connaître son vrai père génétique ? À quel moment ? Si non, pourquoi cette injustice face aux autres enfants ?

Autant, il faut rejeter ceux qui chez les opposants se laissent aller à des raccourcis condamnables (on a lu des propos très tendancieux du côté de l’archevêché de Lyon assimilant homosexualité et pédophilie) autant il convient de dénoncer, tout aussi vigoureusement, ceux qui, dans les soutiens au projet, se laissent aller à des raccourcis au moins aussi condamnables. Je veux parler ici des propos rapportés par Roselyne Bachelot, madame 400 millions d’euros (coût de son opération autour de la grippe aviaire…) affirmant qu’il fallait « être gay friendly pour être maire de Paris », et surtout ceux de Pierre Berger proclamant que « la majorité des opposants au projet de loi était homophobe et antisémite ». Le truc qui tue, l’antisémitisme. Si on avait ne serait-ce que l’audace de s’interroger sur la question, forcément, on serait antisémite puisqu’homophobe ! Bonjour, le raccourci. Bonjour, l’insulte. Entre nous, je n’ai jamais pu sentir ce bonhomme. Sa réussite favorisée par toute l’intelligenstia Mitterrandienne (on sait tout le tort qu’elle nous a fait), du magazine de propagande « Globe » jusqu’à « Le Monde »… , son argent coulant à flot, ses prises de position déplacées mais tolérées par sa puissance financière… Mais peut-être au fond, au plus profond de moi-même, suis-je homophobe, antisémite, fasciste, antimondialiste et que sais-je encore…