Le cinéma n’est pas une science infuse. Parfois, un film a beau réunir tous les ingrédients nécessaires à un beau succès public, une bonne histoire, une mise en scène impeccable, une distribution haut de gamme…, il ne parvient pas toutefois à attirer le public. Un simple concours de circonstance, une mauvaise date de sortie, une actualité trop chargée, une météo trop clémente, il suffit d’un tout petit grain de sable pour enrailler la chronique d’un succès annoncé. C’est précisément ce qu’il s‘est produit avec le second film de Andrew Dominik, réalisateur néo-zélandais de « L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford ». La critique eut beau encenser le film et les jeunes filles se pavaner devant la distribution du dit film, Brad Pitt et Casey Affleck en tête, « L’assassinat de Jesse James… » restera un bel échec commercial qui, cependant, n’entama pas la détermination de son réalisateur.

Cinq années auront été cependant nécessaires à la finalisation de son troisième long-métrage, « Cogan : La mort en douce ». Depuis « Chopper », réalisé en 2000 qui relate le chaotique parcours du plus célèbre criminel australien, Mark Brandon Read, dit Chopper, A. Dominik semble pour une certaine forme de stylisation de la violence. Dans ce film, le réalisateur met en scène un tueur à gages, mandaté par la Mafia, afin de retrouver les deux malheureux braqueurs d’une partie de poker de haute voltige, de remettre la main sur l’oseille disparue et accessoirement montrer l’exemple et dissuadant quiconque de vouloir toucher à sa chasse gardée. Pour ce faire, la Mafia contacte Cogan (alias Brad Pitt), tueur à gages cynique spécialisé dans les morts douces et lentes… On songe, forcément, à l’univers déjanté de Quentin Tarantino et de ses tueurs philosophes (« Pulp Fiction ») ou fatigués (« Jackie Brown »). Comme pour faire un clin d’œil appuyé au film de genre, A. Dominik a choisi deux stars du film mafieux, Ray Liotta, inoubliable héros (Henry Hill) dépassé des « Affranchis » de M. Scorsese et James Gandolfini, figure tutélaire d’une des plus grandes séries de la télévision américaine, « The Soprano’s », chef-d’œuvre signé David Chase (David de Cesare de son vrai nom).

Deux autres comédies habituées aux «Soprano’s», figurent d’ailleurs dans le générique de « Cogan », Vincent Carutola et Max Casella. Heureusement pour tous les comédiens italo-américains, le cinéma semble particulièrement inspiré par l’univers mafieux… Mais ne nous fions pas aux apparences, ce film reste un film d’auteur présenté au dernier Festival de Cannes, produit et distribué à la marge d’Hollywood.
Un film de Andrew Dominik
Sortie le 5 décembre