Le festival La Rue des Artistes fête son 20ème anniversaire ! La prochaine édition du festival aura lieu du 15 au 17 juin 2018 et réunira, comme d’habitude, sur un même lieu les arts plastiques, la musique et les arts de la rue. Scènes musicales, spectacles de rue, performances artistiques, animations et expositions « jeune public », jeunes créateurs, artistes reconnus, compagnies internationales et groupes régionaux vont se côtoyer en totale harmonie, dans une ambiance conviviale et familiale. Rencontre avec Isabelle Riocreux, présidente de l’association Atout Monde qui organise le festival :

On le sait, l’édition 2 017 s’est déroulée dans un environnement financier assez tendu. Quel bilan tirez-vous de tout cela ?

En effet, préparer une 20ème édition dans un contexte financier difficile n’est pas une chose facile. Mais c’était sans compter sur notre abnégation et notre savoir-faire en termes de stratégie afin de réunir autour de nous des artistes qui ont d’abord compris notre action (le projet de l’association Atout Monde) et qui ont bien voulu jouer le jeu. Il y a aussi tous nos prestataires dont L’Agenda Stéphanois fait partie qui ont bien voulu faire des efforts. Nous avons compté sur notre expérience de 21 ans de vie associative, ça crée des liens avec des chefs d’entreprise, des politiques (ils se reconnaîtront), et nous sommes, naturellement, allés les solliciter afin que notre budget 2 017 puisse nous permettre de faire vivre le festival La Rue des Artistes et surtout souffler nos vingt bougies. L’association, c’est d’abord une famille, et face à la situation, cette Famille s’est mobilisée, bougée, boostée par le directeur artistique qui n’a jamais douté et qui a su transmettre une énergie telle que cette expérience nous a donné encore plus l’envie de poursuivre notre engagement pour faire vivre la culture au plus près des femmes et des hommes de notre territoire.

Votre situation a-t-elle évolué cette année ?

Oui. L’édition 2 017 a été une réussite sur le plan artistique, mais aussi sur le plan financier. Et nous sommes sortis grandis de notre mésaventure de 2 016. Attention, ce n’est pas pour autant que nous sommes devenus riches ! Nous avons pu travailler sereinement sur nos différents projets de médiation artistique et culturelle en direction des quartiers de Saint-Chamond en partenariat avec les structures socio culturelles et écoles de la ville. Enfin, nous avons pu également commencer à travailler la direction artistique de la 21ème édition.

La culture connaît un désengagement régulier des institutions (état, région, département…). Ce phénomène est-il selon vous inéluctable ?

C’est dommage. La culture est un atout pour notre pays, la France a un savoir-faire, une richesse culturelle associative. C’est ce qui fait que dans certains quartiers ou villes les esprits sont apaisés. La culture est un facteur de lien social, de convivialité. Nous jouons un rôle social indéniable dans nos territoires. Combien de projets culturels sont mis en place en parallèle de certains festivals, en direction des publics éloignés de la culture ? Nous regrettons de ne pas voir pérenniser les budgets alloués aux acteurs culturels car à travers leurs actions ils font la démonstration de l’impact positif de la culture à court, moyen et long termes.

Depuis plus d’une vingtaine d’années, vous militez pour un esprit festif, convivial et solidaire. Ses valeurs sont-elles encore de mise en 2018 ?

Cette question rejoint naturellement celle d’avant. En 1996, en créant l’association Atout Monde, nous voulions proposer un accès à la culture pour tous, tout en s’appuyant sur des valeurs de solidarité, de partage. Le festival a accéléré cette envie de fête, de convivialité et de solidarité. Chaque année on le voit et on le sent. Les personnes qui connaissent et fréquentent le festival le savent très bien, une fois entrés dans le parc Nelson Mandela, les gens laissent de côté leurs soucis, ils n’ont qu’une chose en tête, se faire plaisir. Même les artistes nous disent que l’ambiance est bonne et qu’ils sont comme à la maison. Du coup, ils donnent tout sur scène et le public le ressent très bien. L’année dernière, la totalité des artistes a fait honneur au public en le rejoignant pour vraiment partager un moment de fête, de convivialité et de solidarité !

Comment définiriez-vous votre festival ?

La question qui tue !!! Bon déjà le festival La Rue des Artistes y en a pas deux !!! 1er festival de métropole à être organisé depuis 20 ans en centre ville et en plein air !!! Seul festival à proposer des têtes d’affiche pour un tarif imbattable ! Seul festival où les festivaliers sont âgés de 1 mois à plus de…ans (Venez voir si vous nous croyez pas)! Le festival est avant tout populaire, ouvert à tous et qui a pour seule ambition de réunir le plus grand nombre de personnes autour des valeurs citées précédemment.

Charlélie Couture, Sergent Garcia, Magyd Cherfi… Vous bénéficiez cette année de trois têtes d’affiche prestigieuses. Une chance ?

Touré Kunda, Che Sudaka et les 4 autres groupes qui assureront les premières parties sont également d’un niveau exceptionnel. Je ne dirai pas que c’est de la chance, mais un vrai travail de prospection de la part de Mustapha Kerroua le directeur artistique. Travail qui nécessite des négociations et des choix… le choix récemment évoqué dans une tribune locale de s’orienter vers des artistes qui savent rester accessibles quelle que soit leur notoriété. Mais pour le côté chance on repassera, c’est le résultat d’un travail acharné.

Cette volonté de rester malgré tout très accessible, notamment au niveau de vos tarifs (5 à 8 euros), ne pénalise-t-elle pas le festival au fond ?

Non, nous n’avons pas le sentiment que le festival soit pénalisé par sa facilité d’accès. Jusqu’à présent cela fonctionne et c’est l’expression d’une de nos valeurs associatives que nous ne souhaitons pas perdre de vue. Nous avons prouvé que c’est possible, nous faisons avec les moyens qui sont les nôtres. C’est une question récurrente au sein d’Atout Monde : même s’il augmente régulièrement, le prix du billet doit rester accessible sinon c’est le public qui se retrouve pénalisé… et alors qu’en sera-t-il de nos valeurs ? À côté de cela nous interrogeons actuellement le modèle économique de l’association Atout Monde et nous souhaitons le voir évoluer.

Vous faites appel aux financements alternatifs, sur internet notamment. Une nécessité ?

Nous ne l’avons fait qu’une seule fois juste après l’édition 2 016 ! Avec le recul ça nous a demandé beaucoup de travail et d’investissement pour la somme récoltée 5 000 euros sur les 45 000 dont nous avions besoin. Encore un grand merci aux 100 donateurs de l’époque. Aujourd’hui, l’association Atout Monde s’est tournée vers le mécénat d’entreprise. Depuis septembre 2017, une équipe d’administrateurs a travaillé sur une plaquette qui nous a permis d’aller chercher de nouveaux mécènes pour l’édition 2 018. Depuis la création d’Atout Monde, l’association a d’ailleurs toujours travaillé avec le monde économique local.

Outre son excellente programmation musicale, le festival présente des dizaines d’autres propositions artistiques. Le bonheur est-il dans le foisonnement ?

Le bonheur est dans le parc Nelson Mandela pendant trois jours. Le festival La Rue des Artistes, c’est une multitude de propositions artistiques qui véhicule des messages et des valeurs que nous partageons. Le public est exigeant et ne peut se satisfaire de simples « jongleries et cabrioles », il vient au festival pour découvrir de nouvelles esthétiques artistiques. Il nous pousse à donner le meilleur. C’est aussi la diversité du public qui nous amène à faire des propositions aussi éclectiques, nous souhaitons que tous s’y retrouvent.

Vous avez toujours eu la volonté de vous adresser au public le plus large, socialement ou financièrement. Un acte politique ?

En 1996, à la création de l’association, nos objectifs et notre projet étaient clairs : apporter la culture au plus près de tous les habitants. Pendant 21 ans, nous nous y sommes tenus. Malgré les différents courants politiques, nous avons toujours su faire entendre notre parole et faire reconnaître la richesse et la nécessité de notre action sur le territoire.

Quelles seront, selon vous, les découvertes ou surprises de cette nouvelle programmation ?

Le groupe Lolomis sera la découverte du festival 2018 : Une voix envoûtante, des instruments de musiques originaux et un style rarement vu sur le festival. Chaque année nous arrivons à surprendre les festivaliers. Nous proposons une programmation unique, avec des styles très différents mais les uns et les autres se mêlent, se mélangent pour le plus grand plaisir des yeux et des oreilles !

Qu’attendez-vous de cette nouvelle édition ?

Du soleil, des festivaliers heureux venus de tous les horizons avec le sourire et l’envie de découvrir et de partager, des artistes survoltés et prêts à tout donner, des bénévoles gonflés à bloc pour accueillir tout ce petit monde et des mécènes et partenaires convaincus d’avoir fait le bon choix en accompagnant l’association Atout Monde dans ses projets.