Chronique d’un épilogue si souvent annoncé. Selon des proches de l’enquête, Isabelle Balkany aurait fait des aveux aux policiers lors de sa garde à vue fin mai. Il se dit que l’épouse du maire de Levallois-Perret, Patrick Balkany, aurait ainsi reconnu être propriétaire d’une somptueuse villa située à Saint-Martin dans les Antilles. Celle-ci estimée à plus de 3 millions d’euros serait détenue par le biais d’une société écran (via le Lichtenstein) et n’aurait, en outre, jamais été déclarée au fisc. Soupçonnée de blanchiment de fraude fiscale, Isabelle Balkany a été mise en examen dans la foulée de sa garde à vue et astreinte, pour rester libre, à payer une caution d’un million d’euros. Si telle est la réalité, on assisterait alors à l’écroulement d’un véritable château de cartes dont on ne mesure toujours pas les retombées, pour cause, Isabelle et Patrick sont les amis de toujours d’un certain Nicolas Sarkozy… Patrick et Nicolas seraient liés comme les deux doigts de la main. Impensable alors d’imaginer que Nicolas ignorerait tout de la fortune du couple dont il a toujours été si proche… Mais le pire serait peut-être encore à venir puisqu’un autre bien immobilier non déclaré par le couple Balkany serait dans le viseur de la justice, il s’agit du Riad Dar Gyucy à Marrakech. Estimé lui aussi à plusieurs millions d’euros, ce Riad serait digne des contes des mille et une nuits tant il resplendit de beauté et de richesse… Officiellement, les époux Balkany ont toujours déclaré sur leurs feuilles d’impôts leurs seuls revenus d’élus qui sont de l’ordre de 12 500 euros mensuels. Des revenus qui ne peuvent justifier l’acquisition ni l’entretien de telles résidences secondaires.

Alors comment le couple aurait-il pu en faire l’acquisition…? Pendant longtemps, Patrick Balkany a affirmé que l’origine de sa fortune personnelle provenait d’un héritage et plus particulièrement d’une société que son père, immigré juif hongrois, aurait fait fructifier… Pourtant, les juges saisis de l’enquête auraient mis la main sur un rapport démontrant que la société en question, Soie et Laine Réty, était en pleine déconfiture affichant un déficit de 28 millions de francs, et aurait opportunément été renflouée entre 1989 et 1990 à hauteur de 31 millions de francs, via une discrète société suisse basée à… Zurich. C’est là que l’affaire devient encore plus intéressante puisque ces documents ont été mis à jour par un certain Didier Schuller. Didier Schuller, ça vous parle, non ? Énarque, Didier Schuller fut directeur de l’office HLM des Hauts de Seine, le fief des Balkany, Sarkozy, Copé et autres Pasqua… !!!, de 1986 à 1994. De par sa position à la tête de l’office HLM des Hauts de Seine, D. Schuller est suspecté d’avoir mis en place le financement occulte du RPR, alors dirigé par un certain Jacques Chirac. Lâché par ses amis politiques et condamné par la justice (il sera le seul homme politique condamné dans cette affaire apparaissant de fait comme le bouc émissaire idéal), D. Schuller prend la fuite pour Saint-Domingue. Il y restera une bonne dizaine d’années avant de revenir en France et de se présenter à nouveaux aux élections municipales de Clichy (qu’il perdra pour une centaine de voix). Selon D. Schuller, les Balkany, adossés à l’ensemble de l’appareil politique du RPR, l’ont mandaté pour récolter des fonds illégaux mais indispensables au financement de leur parti politique, le RPR. Sa fonction au cœur de l’Office HLM des Hauts-de-Seine lui permettait d’attribuer différents marchés fructueux aux sociétés désireuses d’entrer dans leurs combines. Mais d’après D. Schuller, les époux Balkany auraient détourné, via des comptes bancaires en Suisse, et à Zurich précisément (voir le renflouement cité plus haut de la société Soie et Laine Réty…) une partie de cet argent destiné au RPR pour construire leur fortune personnelle démesurée. C.Q.F.D. À ce jour, les enquêtes semblent inévitablement confirmer les accusations de D. Schuller.

Les époux Balkany, témoins d’une pratique politique qui a tout de même mené le Front National comme premier parti de France, règne depuis 30 ans déjà sur Levallois Perret, soit un petit rectangle de 1 km de long sur 1,5 km de côté, au centre duquel se sont construits des millions de mètres carrés de bureaux et de logements… En évoquant (ou non ?), cette affaire, on prête tout récemment une phrase lourde de sens à Nicolas Sarkozy : « Ceux qui ont fait des bêtises les paieront ». Si toutes ces affaires se révélaient fondées, nul doute que la fortune supposée des époux Balkany en prendrait un coup ! Patrick Balkany disposera, quant à lui, toujours de son immunité parlementaire, mais jusqu’à quand ? Et si Patrick Balkany venait à tomber entraînerait-il dans sa chute ses plus proches collaborateurs ? Jusqu’où s’écroulera ce beau château de cartes, telle est la question…