La thématique de la perte d’un enfant a largement abondé le cinéma. En effet, nombre de réalisateurs se sont penchés sur la question et on retiendra volontiers « La chambre du fils », film d’une grande intensité de Nanni Moretti et Palme d’Or à Cannes en 2001. Jérôme Cornuau, qui réalisa il y a quelques années déjà une fade adaptation de la célèbre série télé des années 70 « Les Brigades du Tigre », se penche à son tour sur la question à une différence dans « La Traversée » : après avoir perdu leur fille lors d’un séjour en Ecosse, Martin et Sarah Arendt apprennent que l’on a retrouvé leur fille, à l’endroit exact où elle avait disparue deux ans auparavant. Malheureusement, leur couple n’aura pas résisté à cette tragédie à l’issue, somme toute, positive.

Lola, leur fille, avait 8 ans lors de sa disparition ; La revoilà donc mais elle semble plongée dans un mutisme lourd. Son père se rend immédiatement sur les lieux de l’enlèvement afin de la récupérer et de la ramener à la maison. En vain, il essaie de la faire parler afin de comprendre : comprendre ce qu’il s’est passé ses deux années durant. Mystérieusement, il faudra attendre la rencontre inopinée d’une tierce personne, la troublante Norah, blonde décolorée délurée, pour que Lola retrouve peu à peu l’usage de la parole. Au fil d’une traversée inquiétante, Martin découvrira ainsi que sa femme Sarah lui a caché quelques détails déterminants. Pris au piège d’un délire paranoïaque justifié ou non (telle est la question ?), Martin se confrontera aussi à une réalité cachée non sans surprise. En concevant l’identité visuelle de son film, fait d’une ambiance froide et déshumanisée, Jérôme Cornuau s’est librement inspiré de l’univers du « The ghost writer», dernier film de Roman Polanski qui mettait également en jeu chez son personnage principal, une forme de paranoïa.

«La Traversée » permet à Michaël Youn de retrouver un rôle pus dramatique, assez éloigné de ses productions habituelles (hormis « Héro »). Or curieusement, c’est en visionnant « Fatal » que  le réalisateur l’a définitivement choisi afin de composer un rôle tout en nuance et en intériorité. Au côté de M. Youn, deux superbes actrice, Emilie Dequenne, égérie des frères Dardenne, et la jeune Fanny Valette, découverte notamment dans « La petite Jérusalem », de Karin Albou.
Un film de Jérôme Cornuau
Sortie le 31 octobre