Les Fatals Picards excellent dans le pastiche musical de haute volée. Des compositions musicales qui tiennent sérieusement la route associées à des textes hilarants, voilà le cocktail détonnant que proposent sur scène les Fatals Picards. Rencontre avec Laurent Honel, guitariste du groupe :
Que vous reste-t-il de votre participation à l’Eurovision en 2007 (vous avez presque fini dernier…) ?
Le souvenir d’une aventure hors-norme dans un pays moins francophone que la Corse. Le plaisir d’avoir joué devant des millions de téléspectateurs habillés par Jean-Paul Gaultier. Et la satisfaction, malgré des préjugés encore tenaces, d’avoir vu le groupe accéder à une certaine forme de notoriété. Aujourd’hui encore, si nous arrivons à remplir les salles de concert, c’est en partie grâce à cette expérience que nous ne renierons jamais.

Aucun d’entre vous n’est plus Picards, alors quoi ?
Personne n’a jamais été Picard dans le groupe. Ivan, le fondateur, étudiait en Picardie, et les premières chansons surfaient sur le patrimoine agricole d’une région souvent brocardée, mais le groupe est bel et bien parisien… et puis, comme nous avons coutume de le répéter sans cesse, Indochine n’est pas un groupe asiatique.

Si ça se trouve, Johnny H., il est immortel, non ?
Peut-être. En tout cas, ça nous arrangerait bien dans la mesure où notre chanson, « Le jour de la mort de Johnny », n’a pas été écrite avec l’idée que nous souhaitions sa mort, bien au contraire. C’est un hommage, certes décalé mais sincère.

Le départ d’Ivan Callot, créateur du groupe en 2007, a-t-il marqué un tournant pour le groupe ?
Oui, bien sûr. Il a fallu repenser le rôle de chacun avec l’idée que, désormais, nous ne serions plus que quatre sur scène. Mais le changement s’est fait sans heurts, et l’évolution musicale et textuelle a été plus que bien acceptée par nos « fans ».

Bérurier Noir, Ludwig Von 88, les Garçons Bouchers, les VRP, c’était mieux avant le Rock made in France ?
Mieux ? Je ne sais pas… Il faut accepter l’idée que chaque forme d’expression artistique connaît un âge d’or. Celui du rock alternatif se situe quelque part dans les années 80/90. Mais la France a encore de beaux restes.

Alors, il est vraiment cool, Bernard Lavilliers (en plus il est stéphanois !) ?
Bernard Lavilliers a compris une chose, contrairement à l’entourage de Johnny : quand les Fatals Picards décident de se moquer d’une célébrité, ce n’est jamais méchamment. Le Bernard c’est un vrai artiste, quelqu’un que je respecte profondément depuis « If ». Après qu’il ait participé à la révolution cubaine, à la nicaraguayenne, à la suisse, et à la syrienne, c’est son affaire.

Se moquer des autres, est-ce aussi se moquer de soi-même ?
Disons que, lorsque l’on accepte l’idée que la grille de lecture que les Fatals Picards appliquent au monde est forgée dans le creuset du second degré, il ne faut pas s’étonner que nous soyons toujours prêts à nous moquer de tout le monde, et de nous-mêmes en particulier.

Vous n’avez jamais été meilleurs musicalement parlant, en êtes-vous conscients au moins ?
Tu veux dire que nous n’avons jamais progressé ? Pourtant, je sais maintenant faire un accord de Fa en barré sans trop souffrir…

L’humour musical est un genre assez restreint en France : vous sentez-vous de la même famille que Patrick Sébastien ?
Patrick Sébastien, le philosophe ? Hum… celui qui a tant fait pour la bonne marche des deuxièmes parties de mariage ? Non… pas trop…

« Coming Out » aborde toute une série de thématiques actuelles. Une vraie revue de presse ?
Un peu. Nous puisons notre inspiration dans la société dans laquelle nous vivons. Il est donc normal que nos albums en gardent la trace. Et puis, certains sujets ne vieillissent pas trop : l’homophobie, la pédophilie, les bébés congelés… autant de valeurs sûres.

Votre discographie commence à être impressionnante. Vos chevilles n’enflent-elles pas trop ?
Non. Après chaque concert nous rentrons à l’hôtel faire les pieds au mur pendant dix minutes : c’est très bon pour la circulation, et visiblement aussi pour l’ego. De toute façon, la modestie est notre plus grande qualité.

Que pourra-t-on découvrir ou entendre sur scène ?
Des chansons euphorisantes, des transitions désopilantes, des réflexions philosophiques d’une pertinence rare, des cascades, des extraits de notre prochain album qui sortira l’année prochaine…

13 – 15 ans après vos débuts, la flamme est toujours bien présente ?
Oui… nous avons réussi à nous renouveler, à sortir régulièrement de nouveaux albums, à conquérir un public toujours plus nombreux, à nous étonner de tant d’insolente réussite… l’envie est toujours là. Et là aussi. Et puis là… et là…