Les projets d’envergure ont besoin d’être soutenus, portés sur le plan institutionnel pour qu’ils puissent devenir légitimes et durables. Le rôle d’un élu est ainsi primordial. Marc Chassaubéné, vice président de Saint-Étienne Métropole en charge du design, également adjoint au maire de Saint-Étienne et président de l’EPCC Cité du design, répond à quelques questions pour nous éclairer sur cette tâche passionnante et ambitieuse.

Vous êtes en charges du design au niveau de la métropole. En quoi consiste ton engagement ?

Gaël Perdriau a souhaité que le design imprègne réellement notre territoire. Mon rôle est de coordonner les actions qui permettent de concrétiser cette volonté. Notre territoire a été forgé, à travers l’histoire, par des industriels et des artistes, travaillant main dans la main pour tirer vers le haut la production stéphanoise. Aujourd’hui cela se traduit par des designers, des start-up, des industries créatives qui sont de véritables moteurs de l’économie et de l’attractivité territoriale. Nous avons pour cela développé des outils qui permettent aux collectivités d’être accompagnées par un design manager dans la rédaction de leur cahier des charges, jusqu’à la concrétisation de leurs projets (d’urbanisme, de construction ou d’aménagements par exemple) grâce à des accords-cadres avec des designers. Des appels à projets permettent également à nos designers d’intervenir lors de résidences ou dans le cadre de la Biennale. Entre autres nombreuses initiatives, « Banc d’essai » ou l’aménagement des gares, permettent par exemple de faire de notre territoire un véritable terrain d’expérimentation pour les designers et les entreprises qui produisent du mobilier urbain. Enfin Saint-Étienne Métropole dispose de nombreux dispositifs d’accompagnement à la création d’entreprises innovantes, particulièrement en matière d’industries créatives. La Cité du Design, dont je suis Président, porte quant à elle les missions majeures de médiation auprès de tous les publics, une école au rayonnement international, un important pôle de recherche. Elle intègre également une filiale, donc une entreprise, dont la Cité du design est actionnaire à 100 %, qui permet d’intervenir dans le cadre d’appels à projets et appels d’offres de manière très souple, pour favoriser l’activité des designers du territoire stéphanois. Elle permet de s’adresser à des dirigeants d’entreprises de manière limpide et efficace.

En quoi le design est-il, pour une ville comme la nôtre, un enjeu essentiel ?

Dès le XIXe siècle, les industriels stéphanois ont su s’adjoindre les compétences d’artistes pour faire de Saint-Étienne la plus grande ville industrielle de son époque. Pour cela, ils ont notamment créé l’école des Beaux-Arts devenue École Nationale Supérieure d’Art et de Design de Saint-Étienne. Cet esprit a imprégné notre territoire au point que les diverses stratégies politiques se sont tournées vers cette formidable capacité d’innovation par la création. Cela a permis le développement de très nombreuses start-up, PME et PMI. Des entreprises comme Keranova, Lactips, et beaucoup d’autres, sont des exemples qui viennent s’ajouter à la longue histoire des réussites stéphanoises qui s’appuient sur cette capacité d’innovation. Demain, à travers les projets que nous développons, Saint-Étienne sera plus que jamais la référence nationale en matière de design, et sur tous ses champs d’application : design industriel, design d’espace et d’objet, mais aussi design social, design thinking, etc. La Cité du Design et son école s’ouvrent aujourd’hui à des questions d’avenir, comme le design des politiques publiques, et place Saint-Étienne comme précurseur dans de nombreux champs du design. En ce qui concerne l’art, la récente Biennale Art Press présentée au MAMC et à la Cité du Design montre bien à quel point Saint-Étienne occupe une place nationale prépondérante sur la scène émergente des artistes plasticiens.

Quels sont les grands chantiers qui devraient aboutir prochainement ?

Après les accords-cadres avec des designers et la création de la filiale cette année, nous engageons désormais une étape majeure depuis la création de la Cité du Design. Jusqu’alors Président de la Cité du Design, Gaël Perdriau avait demandé à Thierry Mandon et ses équipes de penser le développement de la Cité du Design à l’horizon 2025, en développant son école pour qu’elle atteigne le meilleur niveau international mais soit aussi novatrice en matière d’accessibilité sociale, en renforçant le rôle du pôle recherche, et surtout en favorisant la médiation avec le grand public en résorbant le fossé que ses prédécesseurs avaient creusé entre les Stéphanois et le design. Jusqu’alors les divers projets politiques s’étaient concentrés sur l’affichage de la Cité du Design mais peu sur le fond. J’ai donc maintenant le plaisir de conduire un projet ambitieux pour la CIté du Design dans lequel nous créerons de nouveaux espaces de médiation et d’expérimentation pour les familles et les enfants, de nouveaux espaces d’exposition et bien d’autres développements que nous serons amenés à présenter bientôt. Le quartier en sera profondément changé.

La biennale de design approche. pouvez-vous en dire quelques mots ?

La Biennale du Design s’organise dans les meilleures conditions possibles au regard du contexte. Si des incertitudes persistent sur les conditions d’accueil et la venue des participants étrangers, et notamment de l’Afrique mise à l’honneur, nous sommes néanmoins très confiants car la thématique des « Bifurcations », particulièrement adaptée à ce que nous vivons, séduit les participants et partenaires et les inspire beaucoup. Il s’agira d’aborder les changements de vie, les changements dans nos rapports aux autres, dans notre rapport à l’environnement, au travail, etc. Les champs d’investigation sont très larges en la matière. Cette Biennale sera vraiment plus longue que les précédentes, puisqu’elle se déroulera sur trois mois, et sera très ouverte à l’ensemble du territoire métropolitain et régional. En résumé cette Biennale prend de l’ampleur. Il est un peu tôt pour en dévoiler tout le contenu, mais cela viendra très vite !