Le film débute sur les traces des récits de Mark Twain, façon « Tom Sawyer » : deux adolescents blancs, Ellis et Neckbone naviguent le long du fleuve sinueux et tombent sur une île qu’ils croient, dans un premier temps, inhabitée. Peu à peu, les deux adolescents découvrent que leur nouvelle île est en fait occupée, plus précisément par un certain Mud, un étrange personnage d’une quarantaine d’années, à la dent cassée, le bras tatoué d’un serpent. Mud porte une chemise porte-bonheur et ne se sépare jamais de son flingue censé le protéger de mystérieux tueurs à sa recherche. Car Mud aurait tué un homme par amour. Les deux adolescents en mal de sensations fortes, comme dans tout bon roman de Twain, sont décidés à l’aider dans un désir de liberté et de sauvetage. Pour cela cependant, ils devront affronter leur propre peur mais surtout la haine des chasseurs de prime bien décidés à mettre la main sur la peau de Mud. Entre rapport de séduction et terreur, entre admiration et soumission, les deux adolescents devront faire des choix qui changeront inévitablement le cours tranquille de leur existence…

Entre « Tom Sawyer » et « La nuit du chasseur », le troisième film de Jeff Nichols qui sera présenté au Festival de Cannes, suscite une fois encore bien des attentes. Il faut dire qu’avec « Shotgun Stories » et « Take Shelter », le natif de Little Rock, la ville où s’est construit un certain Bill Clinton, a déjà défrayé la chronique cinématographique et montré de réelles dispositions artistiques. Ses films ne laissent pas indifférents et questionnent l’imagination autant que nos consciences. Ce film permet également à Matthew Mc Conaughey de poursuivre sa mue cinématographique entamée en 2011 avec « L’affaire Lincoln » de Brad Furman. En une poignée de films, tous aussi bons les uns que les autres, « Killer Joe » de William Friedkin, « The Paperboy » de Lee Daniels, « Magic Mike » de Steven Soderbergh et donc « L’affaire Lincoln », M. Conaughey a délaissé son image de play-boy bodybuildé et de gendre idéalement idiot, pour aborder un virage à 360 °. Fini les comédies débiles et légères, le quadragénaire Texan se penche enfin pour des rôles beaucoup plus ambigus, un avocat ripoux, un gogo dancer cynique, un tueur psychopathe, et plus en rapport avec son potentiel artistique. À tel point qu’on le verra prochainement à l’affiche du prochain film de Martin Scorsese, « The Wolf of Wall Street ». Dans ce nouveau film de J. Nichols, M. Conaughey compose un personnage complexe, manipulateur, sans scrupule mais, au final, profondément humain et semble suivre la voie tracée, avant lui, par un certain Tom Hanks qui débuta par des comédies débiles avant de s’imposer dans des productions autrement plus ambitieuses…

Sortie le mercredi 1er mai