Cinéma classé « art et essai », le Méliès est une institution stéphanoise dont la pertinence et l’efficacité ne sont plus à démontrer. Rencontre avec Paul-Marie Claret qui dirige cette institution du haut de ses 30 ans (à peine) !

En quelle année arrives-tu au Méliès ?
En 2006, à l’ouverture du nouveau complexe place Jaurès et ceci dans le cadre d’un contrat de professionnalisation pour être projectionniste. Très vite, avec Alain Cramier, le directeur emblématique du Méliès, on se trouve de nombreuses affiliations dont nos passions pour le cinéma et le rugby. Rapidement, je me montre, peut-être un peu plus que les autres, intéressé par la programmation dont on discute souvent avec Alain. Très tôt, Alain me confie la programmation Jeune Public du cinéma. Je travaille aussi sur les films en Version Originale.

Tu as quel l’âge à l’époque ?
Quand j’arrive au Méliès, j’ai 24 ans. Je connaissais l’ancien Méliès seulement en tant que spectateur.

Alain Cramier tombe gravement malade…
À peu près deux ans après mon arrivée ici, oui…

Et pourquoi est-ce toi qui reprends le Méliès ?
Alain a toujours eu la volonté de céder le Méliès à ceux qui y travaillaient. Au départ, cela ne devait pas être moi à vrai dire. Dans le même temps, Alain qui possédait également un autre cinéma à Dijon, entame une procédure de cession de ce cinéma à son directeur de programmation. Cette cession se clôt définitivement en 2009. Il entend faire la même chose ici mais un concours de circonstance fait que le directeur de la programmation du Méliès, la personne désignée par Alain, ne peut s’engager à reprendre le Méliès. Entre-temps, Alain a quelques approches de la part du Comédia à Lyon, mais l’affaire ne se conclut pas. Alain décède et quelque temps après, sa femme est relancée par Le Comédia et Gaumont, mais rien n’aboutit concrètement.

Le Méliès n’intéressait pas les grands groupes cinématographiques à l’époque ?
La situation financière ici faisait que cela devenait très tendu… Il y a bien eu quelques envies mais trois ans après le lancement du Méliès place Jean Jaurès, on s’aperçoit de l’endettement très important de la structure.

De quel ordre ?
Cet endettement s’élève encore aujourd’hui à 1,3 million d’euros. À l’époque, il s’élève à 1,7 million d’euros à rembourser sur les murs du cinéma.

Fixons quelques ordres de grandeurs. Quel a été le montant de l’investissement du Méliès place Jean Jaurès ?
Environ 3,2 millions d’euros.
Cela ne paraît pas si considérable ?
Non, au contraire, c’est même élevé pour un cinéma de centre-ville. Le Méliès à Saint-Étienne a coûté plus cher que la rénovation du Comédia à Lyon qui possède deux salles de plus. L’investissement à la base est élevé, c’était un projet très ambitieux. Le problème, à l’époque, c’est que le Méliès dû se monter sans aucun fond Feder (fonds d’investissement Européen). Le montage est réalisé autour d’un pôle bancaire soutenu par la Caisse des Dépôts et de Consignation. Incontestablement, nous pâtissons aujourd’hui d’un endettement beaucoup trop lourd. Il s’avère que certains calculs établis au moment du montage du dossier en 2005 se sont avérés faux. Par exemple, on a calculé ici le montant de l’aide sélective que chaque cinéma perçoit en fonction de son nombre de places. Ce calcul a été fait en tenant compte du cinéma Eldorado à Dijon, l’autre cinéma d’Alain Cramier. Comme entre-temps l’Eldorado a été vendu, le calcul n’a jamais été réajusté donc, forcément, le montant de cette aide s’avère, dans nos bilans, bien inférieur à ce que supposaient les prévisionnels. À la fin de 2012, il nous manquait 42 000 euros pour boucler notre budget. En 2015, il s’avère que nous aurons également un autre problème du même ordre : une partie des prévisionnels ayant servi à monter les dossiers de financement est erronée en termes de recettes mais pas en termes de charges malheureusement.

Pourquoi, au départ, tu décides de te lancer dans cette aventure ?
J’ai 26 ans à l’époque en effet…

La prise de risque paraît énorme ?
Sans doute… J’ai longuement accompagné Alain tout au long de sa maladie et dans mon esprit, il était hors de question de ne pas m’investir dans ce projet. Pour moi, Alain est un « ciné-père », nous avions réellement une relation très forte et il était évident que pour poursuivre cette relation, il fallait m’investir concrètement dans la reprise du Méliès. Alain m’a montré beaucoup de choses par son engagement. Il m’a transmis sa passion et je ne voulais pas voir l’œuvre d’une vie disparaître ainsi. Je devais le faire. Et je l’ai fait.

Comment fais-tu pour réunir tout cet argent ?
Dans la foulée de la disparition d’Alain, son fils me sollicite concrètement pour la reprise du Méliès. Il se trouve que j’ai un ami qui est spécialiste dans les reprises d’activité. Je lui soumets le dossier. Le challenge ne me paraît pas insurmontable ni impossible. Je rencontre le Centre National Cinématographique auquel j’expose mon projet. Et je rencontre, durant plusieurs mois, les banques. Au bout du compte, je reprends les dettes du Méliès au nom d’une société dont je deviens le gérant, et, parallèlement, je paye un fonds de commerce à Madame Cramier. Je rachète le fond sur une valorisation financière acceptée par les deux parties. Nous avons mis deux ans à boucler le dossier car, dans les détails, il est assez complexe, notamment par la présence de ce pôle bancaire.

Et ces banques te font confiance ?
Curieusement, les banques n’ont pas été les plus difficiles à convaincre… J’ai eu plus de mal avec la Caisse des Dépôts et de Consignation. Il a fallu que j’apporte des garanties (que je n’avais pas), puisqu’au départ je n’ai aucune fortune personnelle. J’ai dû monter, au final, une holding qui m’a permis d’emprunter un certain montant. J’ai avancé une partie de la somme, ma famille aussi, quelques investisseurs privés ont complété la donne. Le Crédit Agricole m’a suivi et comme il faisait partie du pôle bancaire, ça m’a bien servi…

Vu de l’extérieur, cela tient du petit miracle, ton histoire…
Le Méliès n’est pas une entreprise comme une autre. C’est une aventure humaine, un pari audacieux que personne ne voulait, à l’époque, assumer. Il fallait peut-être quelqu’un d’un peu inconscient… Ce que je dois être un peu. Je suis un peu tête brûlée, c’est vrai… Mais avec le recul, je peux t’affirmer que ces deux années de préparation du dossier ont été très exigeantes et intenses. J’ai eu la chance de rencontrer un très bon conseiller, Hubert Rollier. Un bon expert-comptable, aussi…

Je suppose également que tu n’étais pas spécialement préparé non plus à la gestion humaine de cette entreprise…
Et clairement, ce ne fut pas le plus simple car je passais du plus jeune salarié de la société au rôle de patron ! Ce fut assez compliqué, c’est vrai. Jusqu’à l’année dernière, j’essayais de comprendre les mécanismes de gestion d’une telle entreprise… D’une relation amicale, je devais passer à une relation d’entreprise plus établie.

Officiellement, quand devins-tu patron du Méliès ?
En avril 2011. Durant toute cette période de transition, je suis au côté de Madame Cramier et de Sylvain, le programmateur du cinéma.

Durant toute cette période, quelle aura été l’attitude des collectivités locales ?
Au départ, je crois qu’elles sont très méfiantes à mon égard. Pour cause, je suis un inconnu à leurs yeux. Mais, peu à peu, avec l’aide de l’association Française des salles Art et Essai et l’appui du CNC, nous essayons de négocier, avec la ville, une subvention de 40 000 euros. Si ces 40 000 ne nous avaient pas été accordés, clairement, l’aventure du Méliès touchait à sa fin. Il faut le dire franchement. Sans cet argent, nous ne pouvions plus continuer. Et cette subvention municipale nous est accordée.

Ce montant ne paraît pas non plus exorbitant…
Une loi précisément, la loi Sueur, permet aux municipalités d’abonder financièrement à un projet cinématographique et ce même dans le cadre d’une société privée. Jusqu’à 20 % du montant du chiffre d’affaires. L’aide de la ville de Saint-Étienne correspond à 4 ou 5 % de notre CA. Nous sommes loin du montant maximum, certes mais sans cette aide nous n’aurions pas pu avancer. Pour information, le Cinéma Le France touche plus de 80 000 euros à ce même titre.

Avec le recul, quel est ton regard sur cette drôle d’expérience ?
Nous allons clôturer notre second exercice comptable et pour la seconde fois, notre résultat est positif. Le montant de notre dette fait que nous avons constamment des problèmes de trésorerie. Donc globalement, je suis content. Oui. L’année dernière, en termes d’entrées, a été une année exceptionnelle pour le cinéma. Sur l’exercice qui vient de s’écouler, nous faisons -10 % en termes d’entrées. Malgré cette baisse, nous parvenons à équilibrer notre exercice. -10 % d’entrées représente près de 100 000 euros de chiffre d’affaires en moins ! Cette année, nous avons réalisé 171 000 entrées, sur un prix moyen de 5 euros, le calcul est assez simple…

Quel est le nombre d’entrées total sur la ville ?
Le Gaumont fait 766 000, qui fait aussi -11 %. Le Royal doit tourner autour des 35 000. Le France 38 000 mais -38 % sur l’année.

À une époque le Royal faisait plus de 350 000 entrées…
Le Royal est moribond en ce moment, mais le Gaumont n’est pas très haut non plus en tenant compte du nombre d’habitants.

Comment expliquer que la fréquentation cinématographique stéphanoise reste largement en dessous de toutes les moyennes ?
Ce décalage est dû, à mon sens, à la typologie de la ville.

Ville ouvrière, forte immigration, peu d’étudiants… ?
Ville ouvrière, immigration et surtout le manque d’étudiants. On le sait tous, les jeunes vont beaucoup au cinéma et le nombre d’étudiants à Saint-Étienne reste bien trop faible au final. 20 000, ce n’est pas grand chose ramené à l’ensemble d’une agglomération de 400 000 personnes. À Clermont-Ferrand, pour le même ratio, ils ont le double d’étudiants. On parle beaucoup, en ce moment, de Cœur de Ville, je crois que nous sommes très présents dans ce dispositif du centre-ville alors que d’autres structures abandonnent le centre-ville. On pourrait aussi parler du mode de transport, des facilités de parking… Je crois que la vie étudiante n’est pas assez soutenue et que le pouvoir d’achat de la population reste faible.

Paradoxalement, les théâtres stéphanois fonctionnent plutôt bien, eux…
Eux fonctionnent beaucoup par abonnements, et si l’on tient compte uniquement des abonnements, nous ne sommes pas mal lotis avec nos 15000 abonnés. Ce n’est pas rien. Je crois aussi qu’il y a un problème de génération avec l’arrivée du numérique.

Ce qui vaut pour toutes les villes de France…
C’est vrai. Je crois que la question du pouvoir d’achat reste également essentielle. Peut-être aussi l’offre est-elle trop importante par rapport à la ville…

La concurrence serait trop forte… Le France ne compte pas énormément, le Royal non plus… Vous n’êtes que deux, au fond…
Le France n’est pas aussi faible…, mais c’est notre cible « Art et Essai ».

Combien de salariés au Méliès ?
8 salariés.

La situation financière au quotidien reste toujours aussi tendue ?
C’est clair. Par exemple, nous venons de passer au numérique, ce qui représente 270 000 euros HT d’investissement pour 4 projecteurs numériques. Cet investissement était indispensable.

Qui soutient le Méliès ?
La ville donc, nous ne désespérons pas que le montant de leur aide augmente… Le Centre National Cinématographique. La région Rhône-Alpes nous a aidé pour le passage au numérique à hauteur de 26 500 euros, grâce à l’appui d’ailleurs de la ville de Saint-Étienne. L’Europe, pour le numérique aussi, nous aide à hauteur de 60 000 euros. Seules 5 salles en France ont été aidées par l’Europe, nous en sommes.

J’imagine que chaque aide nécessite des dossiers à monter…
C’est sûr… Je suis aidé par notre comptable et notre expert, oui. Cela fait 4 ans qu’on travaille ensemble. Cette année, nous avons établi entre 5 ou 6 prévisionnels pour toutes ces institutions. À chaque fois, il nous faut monter ces dossiers.

Le Méliès, est-il assez aidé ?
Nous avons toujours demandé 80 000 euros, nous en recevons 40 000 de la part de la ville de Saint-Étienne. 40 000, c’est déjà beaucoup, c’est évident. Mais au regard de différents éléments, et comparativement au France, je crois qu’on pourrait toucher un peu plus, oui.

Certains pensent qu’on ne devrait pas aider des structures privées…
Je crois que c’est justement à ce niveau que le regard de la ville a changé, nous concernant. Lorsque je suis arrivé, évidemment, personne ne me connaissait, il y avait comme un doute. Depuis, ce doute a été levé. Et ce mois de février, grâce à la mairie, nous mettons en place une réunion avec l’ensemble de nos banquiers pour trouver des solutions concernant notre endettement. Lorsque la ville a vu le montant de mon salaire, je crois qu’ils ont compris que cette aventure, pour moi, n’était absolument pas financière. Ils se sont rendu compte d’une certaine réalité : il n’y pas d’enrichissement personnel sur leur dos et il n’est que question de défendre un certain cinéma à Saint-Étienne.

Quel rôle joue le Méliès à Saint-Étienne ?
Nous avons un vrai rôle d’animation et de fédération autour du cinéma en centre-ville. Oui. Il suffit de constater l’ensemble des structures avec lesquelles nous travaillons, la Comédie, l’Opéra, le Fil, le France dont nous gérons la programmation…

Vous êtes payés pour cela ?
Oui, mais de manière presque symbolique… Nous touchons 500 euros par mois HT.

Que vous faudrait-il pour être définitivement tranquille, financièrement parlant ?
Notre problème ici est strictement lié à la charge de notre endettement, c’est clair. Soit, une subvention d’exploitation plus importante soit un étalement de la dette. En gros, il nous reste 6 ans encore d’endettement, il nous faudrait repartir sur une dizaine d’années.

Qui décide ?
Les banques essentiellement. Le poids en notre faveur des collectivités locales, dont la ville, peut nous aider à convaincre ces banquiers. Nous sommes un peu l’Office du Tourisme du centre-ville ici. De par la programmation que nous proposons, des collaborations que nous montons avec les autres structures culturelles de la ville et notre présence concrètement. Tu trouves tous les programmes de la ville ici.

C’est bien parce que vous le voulez aussi ?
C’est vrai, on n’est pas obligé de le faire. Il y a plein de choses que l’on fait qu’on ne serait pas obligé de faire. Toutes les associations qui lancent leur festival nous sollicitent et on répond présent à chaque fois. On les soutient…

Mais ce sont vos propres choix…
Bien sûr mais ce travail, on le fait, il nous prend du temps et on l’assume. Et toutes ces actions ne sont pas forcément rentables.

Mais personne ne vous demande de faire tout ça ? !
Peut-être mais on le fait. Et plutôt bien.

Quid du Méliès Café. Vous gagnez un peu d’argent ?
Je reprends le Méliès en avril 2011 puis en octobre, le Ninkasi, qui était associé à 50 % sur le Méliès Café, se retire en nous laissant des dettes… Ce lieu a toujours été déficitaire et il n’a jamais payé son loyer et moi, je découvre tout cela… Le Méliès Café n’a jamais été rentable, il crée de la convivialité mais il nous coûte. Peut-être, on le souhaite, sera-t-il bientôt rentable…

Justement, comment vois-tu l’arrivée d’un second multiplexe de centre-ville, sur l’ancien site des Pompiers, place Chavanelle ?
J’ai un point de vue. Je suis intimement persuadé qu’il n’y a pas la place à Saint-Étienne pour deux grands cinémas de centre-ville. Cela me paraît évident. On serait les seuls en France dans ce cas, même si nous n’avons pas de multiplexe à l’extérieur de la ville, ce dont on peut se réjouir. Une étude a été faite par Gaumont et qui dit qu’après l’installation de ce second multiplexe, le cinéma Gaumont perdrait 200 000 entrées. Du coup, Gaumont perdrait de l’argent et ils quitteront, à terme, la ville. C’est évident. De plus, on aura une vraie guerre autour de la programmation entre les 2 complexes avec nous au milieu. Seule une quinzaine de films nous permettent de vivre. Si on n’a plus accès à ces 15 films, c’est la fin ! Aujourd’hui, nous nous battons pour avoir accès à ces films, et nous y parvenons plutôt bien mais si demain un nouvel opérateur s’installe, cette guerre de la programmation risque d’être décisive pour nous. On voit dans de grandes villes que certains multiplexes n’hésitent pas à lorgner vers une programmation Art et Essai… Qu’en sera-t-il alors ? Aujourd’hui, on est les seuls, ou presque, à proposer de la VO. Qu’en sera-t-il ? L’accès aux films se compliquera, on notera une dispersion des entrées… Bref, pas grand-chose de positif.

On parle souvent aussi d’une émulation avec l’arrivée d’un nouveau complexe ?
C’est vrai qu’on dit qu’un cinéma qui ouvre suscite un nouvel engouement et une nouvelle émulation au global. Mais au regard de cette situation stéphanoise, je peine à croire en ce scénario.

Il est prévu pour quand ?
2 014 – 2015, je crois que certains travaux ont même démarré… Le permis de construire a été signé, je crois…

Le projet n’est-il pas bouclé ?
En principe, oui, il est lancé. On ne peut pas revenir dessus, en principe. Je comprends que pour la municipalité il s’agisse d’un beau projet de rénovation urbaine… Que deviendrait sinon cette ancienne caserne des pompiers… C’est une vitrine pour la ville, pour l’attractivité de la ville.

Vous êtes fébrile par rapport à ce projet ?
Oui. Cette fébrilité se rajoute à une situation qui n’est pas simple. Les murs du France appartiennent à la Mairie. Lors de la rénovation du Gaumont, on le sait, la ville leur a accordé certaines facilités. Pour l’implantation de la caserne, la ville accorde également à l’exploitant de nombreuses facilités… Le projet au final s’élève, je crois, à 25 millions d’euros. C’est énorme. Nous ne sommes pas dans les mêmes niveaux. Notre projet, que tout le monde reconnaît comme pertinent risque d’être impacté par cette implantation d’autant que notre situation n’est pas stable. C’est aussi simple que ça. L’arrivée d’un exploitant va fragiliser les deux autres…

C’est la règle du business, non ?
D’un côté, on travaille avec la ville au sujet du France ou de notre situation et on a eu connaissance de ce sujet par la presse… C’est un peu surprenant. Nous n’avons pas été concertés. Ni nous, ni Gaumont. Nous sommes dans l’attente.
Ce projet ne peut-il pas non plus remettre en cause l’attitude des banquiers vis-à-vis du Méliès ?
Je suis obligé d’en tenir compte dans les prévisionnels.

Comment s’annonce 2013 ?
D’un point de vue cinématographique, elle s’annonce bien. Les films annoncés sont excitants. On s’attend à une meilleure année. Sur le papier, elle est alléchante. Le début d’année n’est pas mal. Nous sommes dans le bon. Je suis optimiste d’une manière générale car nous avons mis en place différents dispositifs qui confortent notre présence. Le travail sur le jeune public notamment, avec des places à 4 euros pour les moins de 18 ans, des places à 5 euros le midi et à 22h pour tout le monde, un carnet de 5 places pour les 2-18 ans à 18 euros. Nous créons des événements cinématographiques.

Ne manque-t-il pas un gros événement autour du cinéma ?
Peut-être, oui. Cette idée nous trotte dans la tête. Nous avons lancé l’opération « Skype me if you can ». En fait, grâce à skype, nous organisons une projection suivie d’une conférence entretien avec un réalisateur étranger en direct. Cela se passe en direct. Nous avons eu Ben Zetklin, réalisateur « Des bêtes du sud sauvage », il est resté plus d’une heure avec nous en direct de Nouvelle Orléans ! Sur le film, nous avons cartonné ! Nous l’avons eu en direct grâce à son distributeur français. L’objectif serait d’organiser un festival autour de cette idée. En fait, tu as accès à des grands noms, via skype, sans que cela ne te coûte trop cher… Pour cause, ils ne se déplacent pas. On travaillerait autour du cinéma indépendant américain et du cinéma européen. Si on peut mettre ça en place sur le mois d’avril… On le fait actuellement, une fois par mois. On travaille aussi sur le festival du court-métrage, le festival Hip-Hop… Depuis toujours, on collabore avec tout le monde.

Comment arrives-tu à t’en sortir dans tout ça ?
C’est du boulot, c’est sûr. Mais on aime ça ! J’ai l’énergie de mes 30 ans.

Comment vois-tu l’avenir ?
Je suis de nature optimiste. J’ai vraiment la chance d’avoir une super équipe autour de moi, chacun joue pleinement son rôle… C’est pour ça que ça fonctionne bien ! Bon, ces deux dernières années ont été très intenses…

Ton dernier coup de cœur ?
« The Master » de Paul Thomas Anderson. Énorme. À voir absolument.

Si je te dis que je me suis emmerdé avec « Django »…?
Je peux le comprendre mais je crois qu’il s’agit d’un film très féminin. C’est un gros divertissement. Pas un grand film. « The Master » est un grand film. J’ai beaucoup aimé « Les bêtes du sud sauvage ».

Ta déception ?
Je n’ai pas aimé « Le grand détournement » du parrain de la fête du livre, Gérard Mordillat. Malheureusement…

Les prochaines sorties captivantes ?
Le prochain Spielberg, «Lincoln»…

Sûrement très consensuel…
À voir… Je suis assez curieux du prochain Alfonso Cuaron, « Gravity », je ne sais pas si on pourra le sortir d’ailleurs. Un film notamment avec Ryan Gosling… Un autre avec Jean Rochefort, « L’artiste et son modèle »…un film qui m’excite… Il y a beaucoup de chose qui nous excite…

J’imagine… Autre chose ?
Oui, en juin prochain Le Méliès fête ses 30 ans. Je donne rendez-vous à tous pour une série d’événements et de manifestations surprises. J’aurai 30 ans moi aussi en plus !