Bien que l’existence de William Shakespeare comporte toujours quelques zones floues, on sait que « Richard III » est l’une de ses œuvres dites de « jeunesse ». « Richard III » (ou « La vie et la mort de Richard III »), est la dernière pièce historique d’un ensemble qui forme, avec les trois parties d’« Henri VI », la première tétralogie de William Shakespeare. La totalité de ces quatre pièces a été écrite au début de la carrière du dramaturge. Les historiens datent la rédaction de « Richard III » entre 1591 et 1592, Shakespeare n’a pas encore 30 ans lorsqu’il l’écrit. « Richard III » met en scène l’ascension et la chute brutale du tyrannique Roi Anglais Richard III, qui sera finalement battu par Henri VII, futur roi d’Angleterre lors de la bataille de Bosworth, au terme de laquelle Richard dit sa fameuse phrase « Mon cheval pour un royaume »…, alors qu’en réalité il aurait « royalement » décliné une fuite possible. Le règne de Richard III n’aura duré qu’une petite poignée d’années…

La pièce de W. Shakespeare met donc librement en scène des événements qui précèdent la fin de la fameuse guerre dite des Deux-Roses, lorsqu’en 1485, la dynastie des Plantagenêts (dont est issu Richard III) fait place à celle des Tudors (Henri VII et les siens). Plus qu’une chronique historique linéaire et plus ou moins fondée, la pièce fait le portrait d’un des personnages les plus fascinants du théâtre occidental, celui de Richard III, laid, difforme et boiteux, qui va ravir le pouvoir à ses frères et à leur descendance en les conduisant à la mort (c’est notamment sur ces points précis que le doute subsiste, mais peu importe au fond). On peut considérer « Richard III » comme une tragédie, la tragédie qui montre que l’Histoire broie les volontés et les êtres telle une grosse machinerie. Mais on peut également considérer la pièce de Shakespeare comme une vraie comédie grinçante où la férocité se dispute à la drôlerie. La méchanceté est un des fondements de la pièce.

Après avoir dirigé le Centre Dramatique de Sartrouville, et s’être dignement retiré au bout de deux mandats (on le sait tous les directeurs de CDN n’ont pas cette intelligence…), Laurent Fréchuret a réinstallé sa compagnie le Théâtre de l’Incendie à Saint-Étienne, cité dont il est originaire et à laquelle il a toujours témoigné un profond attachement. « Richard III » est sa première grosse production post-Sartrouville et indépendante. Pour incarner ce tyran magnifique, célèbre autant pour sa difformité que pour son machiavélisme, le metteur en scène stéphanois a choisi un comédien avec lequel il a déjà collaboré il y a quelques années dans « Le Roi Lear, Dominique Pinon, comédien vu et apprécié notamment dans les films de Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet. Ne le cachons pas, cette création est très ambitieuse et très attendue. Celle-ci jouit d’une belle production et sera co-accueillie par la Comédie de Saint-Étienne et l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne, comme quoi, tout peut arriver…

Comédie de Saint-Étienne – Du 18 au 22 mars