Depuis une vingtaine d’années, à l’abri du regard souvent médisant à leur égard des grands médias (surtout à leurs débuts, normal on connaît le courage des journaleux…), Tryo poursuit une carrière exemplaire qui prouve que le succès peut se construire, parfois, sans (trop de) concessions. Rencontre avec le groupe :

Parlez-nous du titre de votre nouvel album « Ladilafé »…
En créole réunionnais cela veut dire la rumeur, les commérages… mais ce n’est pas du tout ce que nous voulions transmettre dans cette chanson. En réalité, il s’agit d’une référence à Patricia Bonnetaud, une grande amie à nous, à qui nous rendons hommage car elle a disparu en début d’année dernière. Elle avait monté un label qui s’appelait « Ladilafé ». Selon elle, cela signifiait : « je le dis, je le fais ». Cela représente l’engagement, la volonté, le désir. De plus, c’est Patricia qui a signé notre groupe la première !

S’agit-il d’un « album thématique » ?
Non, il ne s’agit  pas là d’un « album concept ». En revanche, quand nous avons commencé à réunir tous les morceaux de l’album, nous avons très vite pensé à la scène et au spectacle. Nous avions donc envie de faire un album rythmé, festif et en même temps nous souhaitions qu’il y ait de l’émotion. Vous verrez, il y a un côté très intimiste avec beaucoup d’émotions mais il reste très rythmé et dansant. Dans la chanson « Ladilafé », il y a vraiment cette volonté de mélanger les deux.

Combien de temps de travail pour réaliser cet album ?
À peu près un an. Entre l’écriture des morceaux, les premières maquettes. Cela a commencé en juin 2011. Nous avons écouté les idées des uns et des autres, puis très vite nous avons commencé à réaliser les maquettes, des morceaux. Il y en avait beaucoup, car nous avions eu beaucoup de temps pour écrire. Alors certains sont restés, d’autres ont été mis de côté ou bien réservés pour le live. Ensuite, nous sommes partis à Real World, le studio de Peter Gabriel en Angleterre, pour enregistrer toute la partie instrumentale.

Le premier album était très axé sur la nature, sur cet album les textes sont plus axés sur des questions de société ?
Oui, c ‘est vrai. Il y a toujours des textes engagés. Mais c’est ce que l’on essaie de faire, il y  a d’un côté des titres comme « Printemps Arabes » qui sont très engagés politiquement parlant et  d’autres comme « Greenwashing » où l’on retrouve plus des choses sur la société et sur la place de l ‘écologie dans notre société.

Depuis combien de temps n’aviez-vous pas fait de scène ?
Cela faisait deux ans. Nous avons fait quelques petites visites en Amérique du Sud, au Népal, mais nous n’avons pas fait de tournée à proprement parlé depuis fin 2009.

Un petit rappel sur la création de Tryo ?
Notre première rencontre date du milieu des années 90, au sein d’une MJC à Fresnes. Guizmo était objecteur de conscience dans cette MJC. Nous nous sommes rapprochés peu à peu avant de devenir une vraie bande d’amis. Nous avons participé ensuite à une comédie musicale que Daniel avait créée. Puis nous sommes partis dans les Pyrénées faire de la musique ensemble. Bref, notre histoire, c’est une vraie histoire de « potes ».